mardi 20 avril 2010

Les classiques de la bd américaine (partie 2)

Avertissement :
Cet article se veut un commencement de piste pour ceux qui souhaiteraient s’initier à la BD américaine et à son histoire et surtout à ses débuts. Ce texte ne se veut pas exhaustif. Mais si un de vos personnages ou auteurs classiques a été omis, n’hésitez pas à me le faire savoir ou à partager vos connaissances dans la section commentaires. Merci!

Les débuts

Le comic tel que pratiqué aux Etats-Unis est une forme d’art qui remonte à la fin du XIXe siècle. On les retrouve à l’origine dans les journaux sous forme de strips quotidiens puis de demi-planches en couleur les dimanches avant de commencer à être republiés dans des fascicules du nom de comic books.

Un des premiers personnages de BD populaire. Yellow Kid est un jeune garçon qui s’exprime dans un anglais approximatif. Il fera ses premiers pas dans les journaux en 1896.Son créateur Richard Outcault participera à l’invention du comic américain en introduisant plusieurs innovations dont le phylactère (la bulle) On notera que l’usage de la bulle n’est pas encore répandu. Les dialogues du kid s’inscrivent sur sa grande chemise jaune.

Mutt and Jeff est probablement la série à la plus longue durée de vie de l’histoire des comics. Mutt apparait pour la première fois sous la plume de Bud Fisher en 1907 et la série prendra fin en 1983. Créé à la base pour illustrer les pages de sports des journaux, les strips mettent en vedette Mutt, un gageur invétéré qui fera la rencontre en 1908 de Jeff, un petit homme étrange qui deviendra son meilleur ami. .Mutt et Jeff forment alors un duo à l’humour très proche du vaudeville.

En 1905, Winsor McCay créé une œuvre jamais surpassée dans l’histoire de la bd. Dans Little Nemo in Slumberland, le personnage principal entre dans un véritable monde onirique grâce entre autre à un dessin extrêmement détaillé et à des formes de case et des couleurs qui participent à la trame narrative. Avec Little Nemo, la BD entre dans une nouvelle phase de son histoire.

Un des comics les plus étranges de l’époque, Krazy Kat est basé sur un schéma archi-simple duquel, l’auteur George Herriman sait tirer des centaines de variations : Dans des décors aux tendances surréalistes Krazy Kat aime la souris Ignatz qui le déteste et s’amuse à lui balancer des briques par la tête tandis que le bouledogue Officer Pupp qui aime Krazy en secret tente de faire régner la paix en enfermant la souris. Le non-sens et la folie font partie intégrante de chacun des gags que l’auteur imagine entre 1910 et 1944.



La grande BD d’aventure à l’américaine.

À partir des années 1920, le comic va prendre de l’envergure. Aux séries humoristiques vont se greffer de plus en plus de séries romantiques et d’aventure.

Avec Terry and the Pirates, Milton Caniff a signé une des plus grandes séries d’aventure de l’histoire de la BD américaine. L’histoire suit le jeune Terry qui a hérité d’une carte au trésor de son père et va parcourir les mers sillonnées par les pirates à la recherche de son héritage. La série apparait pour la première fois en 1934. Avec l’entrée en guerre des États-Unis durant la deuxième guerre mondiale, Terry va s’enrôler et devenir un soldat ce qu’il demeurera jusqu’à la fin de sa carrière.

Le dessin réaliste de Caniff qui utilise les à plats de noirs va faire école chez des générations de bédéistes en Amérique comme en Europe. Caniff est aussi à l’origine du dessin de Buck Rogers, racontant les aventures d’un homme du XXe siècle qui se retrouve au XXIVe siècle.

C’est justement pour concurrencer ce Buck Rogers qu’Alex Raymond créé Flash Gordon, une série d’aventure dans le cosmos où le héros navigue dans des univers qui mêlent futurisme et ambiance médiévale.

L’auteur E.C. Segar lance en 1919, la série Thimble theater . C.est La version humoristique de la bd d’aventure. La série met en vedette les personnages Ham Gray et son ami Castor Oyl ainsi que la sœur de celui-ci : Olive dont Ham Gravy est amoureux. 10 ans plus tard, lors d’une aventure en haute mer, Segar y introduit le personnage de Popeye qui va rapidement prendre toute la place dans le cœur des lecteurs ainsi que dans celui d’Olive.

Donald Duck apparait au cinema dans les dessins animés de Disney dès 1934 mais sur papier, son monde va prendre une nouvelle dimension. En plus de ses neveux et de son éternelle amoureuse Daisy, les auteurs de BD dont le grand Carl Barks est le plus connu vont lui créer toute une famille dont le membre le plus connu est sans nul doute Uncle Scrooge (Oncle Picsou en français)


Flics géniaux et super-héros
La série Dick Tracy de Chester Gould est surtout mémorable pour sa galerie de méchants aux noms et aux looks hilarants. Flattop, SmallFace, Mumbles et Pruneface ne sont que quelques uns des gangsters qui habitent les rues d’un Chicago en pleine prohibition. Kidnapping, meurtres et vols à main armée font partie du quotidien de ce flic à la mâchoire carrée toujours vêtu d’un imperméable et accompagnés de ses fidèles amis le Kid et Tess Trueheart.

Will Eisner a créé avec the Spirit, un héros capable d’humour qui est accompagné de personnages extrêmement colorés. Ebony White, un chauffeur de taxi noir et superstitieux qui devient le principal complice du héros, le commissaire Dolan avec sa magnifique fille Ellen amourachée du Spirit. Mais Eisner a aussi réussi à amener une énergie nouvelle à la bd grâce à son dessin dynamique et à son inventivité sans borne.

Dans les pages de Action comics apparait le personnage qui va révolutionner les comics américains : un être en costume moulant portant une cape et doté de pouvoirs surnaturels. Avec Superman de Siegel et Schuster, c’est le monde des super-héros qui va envahir les rayons des marchands de journaux. Il sera bientôt rejoint par des dizaines d’imitations.

Aujourd’hui une figure emblématique de la bd américaine entre autre grâce à sa présence constante au petit comme au grand écran, Batman est d’abord un détective qui avec le temps, va se doter d’une panoplie de plus en plus vaste de gadgets pour combattre des méchants plus colorés les uns que les autres. Sous la plume de Bob Kane, le justicier va affronter des êtres déments qui n’ont rien à envier à l’univers de Dick Tracy : Joker, Scarecrow, Catwoman, Riddler, Two-Face et cie.


Les strips familiaux

Une constante dans les strips américains est la présence de ces familles dont les mésaventures cocasses habitent les pages des quotidiens.

C’est le cas de Blondie. Une série qui commence sous le thème de la romance mais qui va évoluer vers l’humour avec l’arrivée de Bumpstead le conjoint paresseux et gaffeur de la belle blonde puis de leurs enfants. Blondie est d’ailleurs assez exceptionnel du fait que ses personnages ont vieilli avec le temps.

Apparus dans un premier temps sous le titre Lil’ folks, les aventures de Charlie Brown, Lucy, Snoopy et leurs amis vont se poursuivre quotidiennement sous le titre Peanuts pendant 50 ans. On ne peut pas parler ici d’une série familiale classique car les adultes n’apparaissent jamais dans le strip mais surtout parce que l’humour tient moins du comique de situation que de l’absurdité du monde telle que révélée par les dialogues. On a d’ailleurs souvent dit des personnages créés par Charles M Schulz qu’ils sont de véritables petits philosophes.


L’Âge de Marvel

Au début des années 60, Stan Lee, scénariste chez Marvel va s’associer avec les plus grands dessinateurs de la boite (dont Jack Kirby et Steve Ditko) pour créer des séries qui vont faire de Marvel une des boites les plus lucratives de l’histoire de la BD. Tout d’abord avec les Fantastic Four, un quatuor d’astronautes qui gagnent des pouvoirs étranges après avoir été exposés à des rayons cosmiques puis grâce à des personnages comme Hulk, les X-Men et Spider-Man. La formule de Lee est simple mais efficace. Ils donnent des préoccupations humaines à des personnages surhumains ce qui les rend immédiatement attachants à leurs lecteurs.


L’histoire ne s’arrête pas ici. Dans les années qui suivirent d’autres auteurs et d’autres séries ont vu le jour et ont aussi marqué à leur façon l’histoire de cette forme d’art qui n’en est encore qu’à ses balbutiements. Et même pendant les années qui nous intéressent, plus particulièrement sur Vintage Rendez-vous, il existe bien d’autres séries de bd qui auraient mérité d’être mentionnées ici. Mais c’est le propre de ce type d’article, il a fallu faire des choix parfois déchirants.

Ma consolation se trouve dans le fait que certains seront peut-être intéressés à aller plus de l’avant dans leurs recherches ou seront tout simplement tentés de découvrir certaines des œuvres mémorables dont il a été question ici.